Éthique croustifondante & good vibes

Photo d'un plat du resto "1741" montrant, en gros plan, une tarte croustifondante à la tomate, basilic, anchois et croutons

J’ai un bon feeling ! – Moi aussi.

Communications invisibles. Mais très concrètes. 

Présentes & vibrantes. Moléculaires.

Textures terrestres, aériennes et aquatiques, de ce qui nous lie. 

Des corps ouverts et des moods réussis !


L’élégance des vibes contre la négligence de l’abstraction...

Des ambiances qui conviennent, des feelings qui cohabitent. 

Ondes poétiques du monde. Only good vibes.

 

Énergies à castoriser et émotions à rider.

Nos relations sont motérialistes, pas les vibes.

Les organes sensoriels trient/filtrent celles-ci.

En mots, mondes & émotions. Relations.


Percevoir les autres, habiter & communiquer.

Cet article vous guide dans des mondes invisibles.

Voici donc les sources de notre savoir sensible.


Sommaire :

1. Éthique croustifondante : vibes du bon vivant.

2. Des mondes vibrants de synesthésies. 

3. Snacks nourrissant ton imaginaire.


Éthique croustifondante : vibes du bon vivant


L’éthique croustifondante ?


Mais si, vous savez : cette texture parfaite.


Ce croissant croustillant puis fondant en bouche.


🥐 Ah, vous voyez ! De quoi saliver.


Mais l’éthique ? Vous l’avez sur le bout de la langue.


« La philosophie première est la gastronomie » (Valentin Husson)

 

Ce principe propre à l’humanité doit ici nous guider.


Ce qui croustille nous émoustille. Nous titille ! Nous stimule.

Ce qui croustille active nos émotions. Les purge et les bouge.

Ce qui croustille travaille en nous. Synesthétise

Ce qui croustille cathartise !

 

Le croustillant transforme la violence, de nos dents de carnivores à notre faim nos frustrations nos désirs impérieux, en douceur des sens.


Mais ce qui croustille ne suffit pas.

On ne se nourrit pas de miettes...


🥐 La catharsis, cette croustillance existentielle, nous laisse las, là.


La catharsis, c’est cette séance domination qui requiert de l’after-care.

La catharsis, c’est cette émeute qui invite à la parole, à l’écriture.

La catharsis, c’est cette œuvre vertigineuse qui nous chamboule. 

Mais dont il faut discuter. Converser. Déplier, déployer la puissance.


La croustillance contient cette catharsis mais elle ouvre à ce qui fond. 

Ce qui fond, en nous, nous fonde.


Ce qui fond nous réconforte. Comfort food.

Ce qui fond nous détend, nous défend. En douceur.

Ce qui fond ouvre en nous ce qui fend.


🥐 Autrement dit, le croustifondant est parfait parce qu’il nous stimule, cathartisant nos corps, pour mieux nous complaire. 


L’éthique croustifondante, c’est la traversée de la violence, c’est la saisie de son énergie et c’est la satisfaction de ce qu’elle aura créée.


S’il n’y a que du fondant, ça ne bouge pas assez.

Le fondant, en soi, assoit. Mais ne suffit pas.


L’éthique croustifondante, c’est l’alliance de la puissance et de la douceur. Ce sont ces luttes quotidiennes, ce qui nous insurge, nous soulève plein de rage et plein de sève, mais qui ne finit pas en fatigue. Non. L’éthique, cette conduite juste des gestes, fait de cette vibe verticale une ouverture au monde.


🥐 Le fondant horizontalise le croustillant. 


L’éthique croustifondante nous rappelle que la catharsis n’est qu’un moment métamorphique. Un événement à dénouer dans le fondant. 

 

Pour que ce qui croustille dure en fondant mou.

 

L’éthique croustifondante est celle du bon vivant.

C’est la texture liant ce qui fait avancer à ce qui fait durer.

 

Il faut que ça croustille pour changer le monde !

Mais il faut que ça fonde pour qu’un autre émerge.

 

🥐 « Vous reprendrez bien un croissant ? »

 

Et si vous le fourriez à la confiture de framboise ?

 

Photo d'une tarte croustifondante à la framboise, dessert du resto "Terroir & Co"

Les bons vivants dégustent les good vibes.


En voici donc d’autres, venues visiter nos palais salivants...

 

Des mets cuisinés. Venus de terres tropicales.

 

Sombres, denses et fruités.


Vous l’avez ? 

 

Le café imprègne.

Le chocolat tapisse.

 

L’amertume torréfiée des fruits fait voyager.

 

☕ Le café embaume d’abord mais se boit, le plus souvent.

Son histoire aromatique ambiance l’atmosphère.

Puis sa sapidité fluide enrichit nos corps.

Le marc marque alors son origine.

 

🍫 Le chocolat se déguste surtout solide. Mais il fond.

Croqué, il drape, caresse et masse le palais.

Il peut aussi se boire, aromatisé ou pas.

L’amer cacao s’exprime par le sucre.

 

Ayant grandi dans des milieux chauds et humides, cafés et chocolats finissent aussi ainsi : dans nos bouches, chaudes et humides.

 

Si le chocolat vient du Mexique et le café d’Éthiopie, leurs voyages parallèles, trajectoires verticales, leur offre une rencontre idéale.

Saluant notre journée.

 

🍫 Le chocolat est une comfort food.

Il ragaillardit. Il satisfait. Oui.

 

☕ Le café est cathartique. Stimulant.

Il réveille. Nous élève et enveloppe.

 

Ainsi l’association des deux, 

Malgré leurs similarités géopolitiques, 

est délicieuse.

 

Le trait d’union sucré est à votre convenance !

 

Mais quel sucre ?

 

Cette substance délicieuse est issue de plusieurs corps.

Ce doux nectar est le fruit de millier d’heures de travail !

 

🍯 De millions d’années d’alliances et d’évolution.

 

Les plantes, par la photosynthèse, sucrent leur sève.

Devenu nectar, ce suc végétal attire les insectes...

 

🐝 Les abeilles en dégustent. 

Mais, parfois, elles préfèrent le miellat : au lieu de boire le jus des plantes, elles se désaltèrent avec l’élixir des insectes suceurs. Ici, les sucs sont déjà transformés par des petits corps.


Lorsque les abeilles choisissent le miellat, elles nouent des alliances. Elles protègent les petits insectes qui en excrètent et ils les nourrissent.


Dans tous les cas, le nectar des plantes gagne en complexité et en viscosité à chaque passage d’un corps à l’autre. D’une salive à l’autre. D’un suc gastrique à l’autre.  

 

🐝 Des abeilles font passer le miellat de leurs corps à d’autres.

Enfin, les abeilles ventileuses créent des courants d’air pour réduire le miellat, le raffiner, le concentrer et mieux le stocker.


La substance sucrée et très visqueuse ainsi obtenue s’appelle MIEL.

C’est une nourriture à la conservation infinie. L’idéal pour les abeilles.

 

C’est si bon qu’il est difficile de résister à l’envie de leur voler !

 

🍯 Déguster du miel, c’est, à notre tour, passer un pacte avec les plantes et les insectes. Leur faire accepter qu’elles puissent nous en donner.

 

Cette très ancienne alliance nous liant aux angiospermes et aux pollinisatrices est l’histoire de ce sucre enchanteur.

 

Manger du miel, c’est s’inscrire dans ce cycle du vivant.

Manger du miel, c’est goûter à cette joyeuse cuisine hyménoptère.

Manger du miel, c’est laisser cette liqueur de corps nous satisfaire.

 

🍯 Si le miel peut relever de la comfort food, sur des pancakes, il n’en demeure pas moins un luxe. Issu d’un immense travail !

 

Selon certaines études, pour produire une livre de miel (453g), les abeilles doivent effectuer plus de 17 300 voyages, visiter 8,7 millions de fleurs, soit plus de 7 200 heures de travail ! 

 

Imaginez : votre pot de miel de 500g, ce sont des dizaines de milliers de passages d’un corps à l’autre pour le délicieux nectar. Des dizaines de milliers d’ouvrières ont travaillé des milliers d’heures pour ce miel !

 

🍯 Autant dire qu’un pot de miel vaut cher.

Qu’il vienne d’apiculteur·ices ou directement de nids, le miel nomme toujours une substance riche et précieuse.

Peu étonnant qu’en anglais « honey » fut longtemps utilisé pour dire « chérie » ou « mon doux », marque d’affection forte.


C’est la substance de l’amour : lune de miel.


Douceur incarnée, le miel nous rappelle qu’un monde empli d’amour nécessite de respecter le partage et l’écologie des corps.


Merci les plantes et les abeilles !

 

Photo d'une abeille recueillant les sucs d'un puceron, sur une plante, pour faire du miel


Les Grands Indicateurs. Tu connais ?

 

Ce sont eux qui nous guident vers le meilleur miel !

Ou plutôt : ils guident les peuples Yao et Hadza.

 

🐦Ce sont des oiseaux d’une espèce arboricole. 

 

Très intelligents, ces oiseaux ont formé des alliances millénaires avec différents mammifères. D’une part avec les ratels (proches des blaireaux). D’autres part avec certains humains.

 

Les oiseaux ont besoin des mammifères pour ouvrir les ruches.

Les mammifères veulent le miel. Les oiseaux veulent la cire !

C’est un win-win ! Merci les abeilles.


Or, nous savons désormais que ces alliances multispécifiques ont une histoire culturelle. Les Grands Indicateurs du Mozambique ne communiquent pas de la même manière que ceux de Tanzanie.


Ou plus exactement : le peuple Yao (au Mozambique) n’émet pas les mêmes sons que le peuple Hadza (en Tanzanie). De fait, les Grands indicateurs communiquent beaucoup plus/mieux selon les conventions locales que selon des conventions étrangères.


🐦Dit autrement : si tu chantes comme les Yao chez les Hadza, les Grands indicateurs auront plus de mal à te comprendre. De même, si tu chantes en mode Hadza chez les Yao. Les langues diffèrent...

 

Ou peut-être est-ce simplement que les Grands indicateurs font moins confiance aux étrangers... Vous devez faire vos preuves !


Ces alliances millénaires exigent une culture commune.

Une communication orale localisée.

De la complicité.


« Brrrr-hm ! »

 
 

Des mondes vibrants de synesthésies


La vibe gustolfactive est la plus ancestrale. La plus universelle.

C’est la moins quantifiable et descriptible. Flottaison invisible.

Elle hante le milieu, trame l’ambiance. Spiritualise.

C’est un monde sensoriel atmosphérique, moléculaire, subtil.


Cartographies gustolfactives : retrouver.

Spatialement (son chemin) et temporellement (ses souvenirs). 


Phéromones : réunir (s’agréger en société ou copuler).

Les phéromones sont des messages olfactifs sans ambiguïté.

Les phéromones manipulent les corps pour les réunir.


Allécher : ces nuages olfactifs qui nous donnent l’eau à la bouche.

Les esprits moléculaires de la cuisine. Aide à pister la nourriture.


Le goût est plus élémentaire. Usages moins variés.

Peu d’espèces incarnent la vibe gustolfactive par les papilles.

Le goût distingue les aliments et permet de déguster.

Flaveurs, saveurs, dégustations. Cuisines.

 

La plupart des animaux bouffent, broutent, croquent, mangent, dévorent, avalent, gobent... Mais ne cuisinent pas et ne dégustent pas.

 

Par le feu ou le four, avec patience et amour, les humains synthétisent leur monde sensoriel par l’art culinaire.

 

Les papilles nouent les vibes gustolfactives et auditactiles.

Le goût synesthétise les mondes sensoriels. Localement.

 

Pourquoi une espèce privilégiant l’acuité visuelle (qui, associée à l’agilité manuelle donne écritures et technologies) investit, parallèlement, tant d’énergie et de temps dans la dégustation ?

 

Difficile d’y voir clair...

 

Une vue vivante et inventive


Nous avons réinventé le rouge.


🍒 La plupart des vertébrés voient le rouge.


Mais, les mammifères étant d’abord nocturnes, ils perdirent cette capacité. Par exemple, les chiens et chats, en plus d’être myopes, sont daltoniens : ils voient le monde en nuances de bleus, jaunes et gris.


Évidemment, ils privilégient d’autres vibes.

 

Or, les grands singes ont réappris à voir les couleurs !

 

Nos ancêtres sont devenus trichromates.

 

🍒 Pourquoi les grands singes ont-ils réinventé le rouge (et vert) ?

Pour mieux distinguer les feuilles comestibles et les fruits.


Rouges sur fond vert !

 

Vivre dans les arbres nous a incité à mieux voir.

Descendus, nous avons conservé cette capacité.

Mais cette vision nouvelle a aussi transformé nos corps.


Les fruits rouges nous attirent. Miam. 

Les muqueuses aussi ! Miam.

 

🍒 De la nourriture à la séduction.

 

Le rouge incarne aujourd’hui plaisir, amour et émotions fortes.

Il prévient des dangers, les repoussent. C’est la couleur du feu.

 

Bienfaisant mais brulant...

Se nourrir, cuire, jouir.


Et le père noël ?

C’est une autre histoire.

 

😎 Certaines femmes voient même les UV.


Des dizaines de milliers d’humaines distinguent donc davantage de couleurs ! Comme de nombreux oiseaux et insectes pollinisateurs... 


La combinaison chromosomique XX favorise, techniquement, les photorécepteurs du spectre ultra-violet. 


Beaucoup n’ont pas le cerveau adéquat.

Quelques-unes, néanmoins, perçoivent cette dimension supplémentaire.


😎 Pour les pollinisatrices, les UV permettent, notamment, de mieux distinguer les fleurs entre elles. Ces nuances d’ondes plus courtes offrent aussi aux oiseaux, ou à certains poissons, la possibilité de mieux communiquer ; repousser ou séduire.  


Toutefois, ne connaissant pas d’humaine voyant les UV, je ne sais pas ce qu’elles en font. On peut imaginer que certaines deviennent artistes. D’autres designeuses. D’autres encore ornithologues...


Cependant, d’après ce que j’ai lu, beaucoup ne savent pas qu’elles perçoivent plus de couleurs que les autres !


Toujours est-il qu’on peut très bien voir les couleurs sans pour autant avoir une meilleure vue que les autres.

 

😎 Notre monde visuel dépend de 5 vibes différentes :


·        L’acuité visuelle (la netteté)

·        La focale visuelle (la localisation)

·        Le champ visuel (l’amplitude)

·        La vitesse visuelle (la temporalité)

·        Les couleurs (la constance)

 

D’autres animaux y ajoutent, notamment, la polarisation...

 

😎 On aura tout vu !

 
Photo d'un vieux macaque négociant à manger contre un portefeuille rouge

 

L’infini synesthésique des vibes tactiles


Ça me touche ! 😊

 

Cette phrase ne signifie pas la même chose pour tous·tes !

 

Les éléphants privilégient leurs trompes, les pieuvres leurs tentacules, les oiseaux leurs becs et nous nos mains.

 

Mais la plupart des mammifères usent d’abord de leurs vibrisses !

 

Les vibrisses permettent de toucher l’espace-temps. Littéralement.

 

Les vibrisses cartographient les éléments. Les flux.

Terre*, air et eau (car faut l’infrarouge pour le feu).

 

🐭 Les vibrisses sont des poils hypersensibles.

 

Par exemple, les rats connaissent la topographie d’un lieu sans le voir. Leurs vibrisses leurs permettent de toucher les vibrations de l’espace.

 

Contact spectral.

 

Phoques et lamantins repèrent les autres animaux marins par les mouvements de l’eau. Les infimes déplacements de l’espace aquatique autour d’un animal laissent une trace. Repérable même plusieurs minutes après... Les vibrisses touchent ainsi aussi le passé.

 

Comme les plumes, les poils sont d’abord là pour toucher.

Puis pour réguler la température du corps.

Or, les deux sont liés.

 

🐭 Les mammifères ont peaufiné leurs vibrisses car ils sont capables de réguler leur température corporelle. Chaleur, mouvement, toucher.

 

Nous, grands singes, les avons pourtant abandonnées.

Nous avons troqué nos vibrisses contre une hypersensibilité de proximité. Nos mains, nos bouches, nos sexes.

 

C’est notre peau, pores et poils, qui nous permet de sentir les éléments.

Mais nous ne pouvons en déduire la position des autres vivants.

 

En revanche, en contact rapproché, nous sommes des génies du toucher.

Nous détectons les textures les plus subtiles de la matière...

 

Le toucher, sens le moins étudié après le goût, est pourtant le plus fondamental pour nous. 

 

As de la caresse et du toucher doux, nous avons aussi appris à étendre nos contacts. Par quoi avons-nous, au fond, remplacé les vibrisses ?

 

L’écriture.

 

Avant d’être sons et images (vu et entendu), le texte est texture.

 

L’écriture est notre manière de toucher l’espace-temps.

 

En écrivant, notre corps devient touche-à-tout !

 

*Terre = souvent à travers les structures végétales

 

Vibrations = ondulations de la matière

Vibes = ondulations du vivant

 

Quand entendre, c’est toucher.

 

Comment distinguer le toucher de l’audition ?

 

C’est une question scientifique complexe.

 

En effet : la plupart des animaux perçoivent les autres grâce à des vibrations. Que sont ces ondes vibratoires pour les corps ?


Déjà, la vibe est différente si ce sont les vibrations de l’eau que si ce sont les courants d’air. Mais ça se complique encore si les animaux communiquent en faisant vibrer du vivant : les plantes.

 

🔊 L’audition nous permet de percevoir des sons.

Or, ceux-ci sont des ondes traversant l’air en vibrant.

Mais les sons ont une direction. Trajectoires vibratiles.


Le toucher met en contact des corps.

Soit par proximité contiguë soit par vibrations.


On pourrait dire que si ces vibrations sont inaudibles, elles sont du toucher. Mais comment savoir si personne n’entend ? L’audition du grillon n’est pas la même que celle du babouin...

 

Pour les insectes, le son se touche (via les plantes ou la terre).

 

Mais on peut aussi distinguer les vibes spatio-temporelles des vibes auditactiles. 

 

Les vibes spatio-temporelles cartographient les éléments en y positionnant les corps vivants. Surtout dans l’air et dans l’eau.

 

Les vibes auditactiles communiquent d’un corps à l’autre en y touchant les vibrations sonores. Surtout terrestres et végétales. Ondes sismiques.

 

Au fond, particulièrement pour les insectes et les amphibiens, la distinction pertinente se situe plutôt entre « good vibes » & « bad vibes »

 

Peu importe qu’il y ait une mélodie tant que ça nous touche !


🔊 Cependant, les sons sont plus adressés.

 

Communication rapide et efficace, sur de longues distances. Les sons oscillent entre séduction et furtivité. Les sons créent une communauté auditive. Les « niches sonores » sont des mondes auditactiles.

 

En touchant, les sons distinguent les ennemis des amis.


Photo, extraite d'une série Arte, d'une otarie nous regardant, dans l'eau, sous un bateau, vibrisses bien visibles pour sentir les vibrations de l'eau


Qu’entendons-nous par infrasons & ultrasons ? (pun intended)

 

Ces concepts anthropomorphiques nomment ce qu’il y a en-deçà et au-delà des sons perceptibles par les oreilles humaines.

Mais qui les crée et qui les entend ? Pourquoi ?

 

Les infrasons sont encore plus rares que la communication infrarouge.

Les infrasons, ondes beaucoup + longues (donc aux fréquences - élevées) ne sont communicables que par les animaux les plus gros.

 

Les éléphants sur terre et les baleines dans les mers.

 

(Les animaux vivant sous terre font parfois figure d’exception grâce à leur sens des ondes sismiques)

 

🐘 Les éléphants utilisent les infrasons pour se coordonner sur de longues distances. Mais aussi pour se saluer, se séduire...

 

Les infrasons ressemblent à des basses, très graves, « sourdes. »

 

🐋 Les baleines sont reliées par infrasons à travers les océans. Elles peuvent ainsi communiquer sur des centaines, voire des milliers de kilomètres ! C’est un peu le système internet des cétacés...

 

Les ultrasons, à l’inverse, sont très répandus. 

La plupart des animaux (la quasi-totalité des mammifères) les utilisent !

 

Les ultrasons sont « suraigus », ondes plus courtes (donc fréquences + élevés, parfois beaucoup +).

Les ultrasons servent ainsi à la communication de proximité.

 

🐀 Les souris chantent en ultrasons.

Les rats rient et gémissent en ultrasons...

La plupart des rongeurs et les chiroptères conversent en ultrasons.

 

Les chats peuvent les écouter. Les papillons aussi. 

Mais pas les oiseaux.

 

Néanmoins, certains oiseaux et insectes créent des ultrasons sans les entendre ! Ils sont probablement adressés à d’autres espèces...

 

Non seulement, nous avons perdus nos vibrisses.

Mais, en outre, nous n’entendons pas ce tintamarre ultrasonore !

 

Nous avons donc créé des technologies palliant à ces « manques. »

 

Malgré notre acuité tactile extraordinaire (nos mains, nos bouches !), les mondes vibratoires restent, pour nous, une histoire surtout technologique.

 

C’est sa grande ambivalence : la tech interfère et parasite nos vibes mais elle peut aussi étendre notre monde sensoriel.

 

Faites-en bon usage !

 

 Nos nuits sont pleines de chauve-souris.

 

🦇 Elles hantent tous les continents. Par milliards.

 

La plupart se nourrissent d’insectes ou de fruits.

Cueillis ou chassés grâce aux échos de leurs cris...

 

Elles sont, avec quelques musaraignes, oiseaux et tous les odontocètes, les seules à écholocaliser leur monde.

 

Echolocaliser consiste à explorer le monde par ultrasons. 

 

Les échos renvoyés par la matière et les corps rencontrés donnent, peu à peu, formes aux mouvements. Silhouettes auditives.

 

Mais l’écholocalisation doit résoudre 10 problèmes différents simultanément :

 

Distances. Maîtrise du niveau sonore. Vitesse d’ajustement. Rythme et fréquence des ultrasons. Interprétations des échos. Changements d’intensité et d’amplitude. Obstacles. Différenciation des plans (le + ardu). Coordination des cris et échos en groupe. Énergie dépensée !

 

Pourtant, quelques secondes suffisent aux chiroptères pour cartographier acoustiquement les corps insectes.

 

🐬 Les odontocètes ont le sonar le plus évolué et le plus puissant du monde. Pour eux, l’écholocalisation est systématiquement synesthésique : 

 

Ils voient ce que leur monde sonore touche ! Précisément.

 

Ainsi, ils savent très exactement la position, la forme, la taille, la matière, la densité et la texture des corps les entourant.

 

Les cétacés à dents (odontocètes) ont probablement la perception la plus pénétrante du monde vivant ! Dauphins, marsouins, bélugas, narvals, orques et cachalots « scannent » les autres corps...

 

Un dauphin peut observer vos organes comme votre squelette. 

Or, comme le son se propage + vite et + loin dans l’eau, il peut même entendre l’intérieur de votre corps à des centaines de mètres !

 

Les cétacés à dent vous déshabillent de l’ouïe !

Vous ne pourrez rien cacher à un cachalot...

 

Ainsi, l’inventivité extraordinaire des techniques de chasse, chez les orques, relève moins de la nécessité que du jeu.

 

Il existe même des personnes humaines, non-voyantes, ayant développé un sonar rudimentaire. Les cas d’écholocalisations humaines sont documentés depuis plusieurs siècles.

 

Cependant, la plupart des humains n'écholocalisent pas.

 

Nous n'écholocalisons pas mais nous goûtons.

Nos cuisines et sexualités nous permettent d’explorer :

Corps et mondes sensoriels par une synesthésie joyeuse !

 

Photo d'un poisson illustrant la synesthésie joyeuse : saut hors de l'eau pour gober un insecte détecté grâce à l'ensemble de ses sens


Rien ne sert de courir pour être au courant.

 

Certains poissons le sont toujours... Voici comment :

 

Avec une ligne latérale de cellules ciliées, ils captent les courants d’eau.

 

Distinguer les variations des mouvements de l’eau leur permet de localiser leurs congénères comme les autres animaux aquatiques. Ce sens du courant leur offre la possibilité de cartographier leur monde.

 

Ces poissons touchent leur espace-temps, fluide.

Grâce à leur conscience hydrodynamique, ces poissons touchent les flux d’infos et sentent tout corps couler à leur proximité.

 

Mais de nombreux poissons d’eau douce, face aux problématiques riparines, ont inventé un autre sens du courant !

⚡ Ils ont transformé leur toucher vibratoire en toucher électrique.

 

Accumulant les champs électriques perçus alentour, ces poissons sont devenus de véritables batteries vivantes. Leurs corps est devenu capable de maîtriser la réception et l’émission d’électricité.

 

Omnidirectionnelle et instantanée, l’électrolocalisation est l’évolution ultime de la cartographie aquatique. Peu importe les obstacles, les eaux troubles ou même les tourbillons des torrents furieux, ils perçoivent toujours leur monde, électrique.

 

Les variations de conduction, salinité et capacitance des corps leur indique ce qui les entoure. Fondamentalement, l'électrolocalisation leur permet de distinguer les vivants de l’inerte.

 

⚡ Mais il y a mieux : l'électrocommunication.

 

Les grandes familles de poissons-couteaux et, surtout, de poissons-éléphants (mormyridés) ont changé l’usage des courants électriques pour en faire des moyens de communication.

 

Activant et désactivant, hyper vite, leurs champs, ils créent des séries d’impulsions transportant un grand nombre d’informations.

 

Contrairement à de nombreuses espèces, celles de la sous-famille des mormyrinés vivent plus en solitaire (mais solidaires). Ce sont des passionnés de la singularité ! Différence, multitude et originalité priment chez les mormyrinés. Si bien qu’il en existe aujourd’hui plus de 175 espèces documentées !

 

Ces poissons ont développé un gros cerveau et aiment jouer.

 

Leur précision de communication est telle qu’ils peuvent détecter des variations du champ électrique jusqu’à 1 millionième de seconde !

 

⚡ Autant dire qu’ils peuvent être, toujours, au courant de tout ! 

 

Mais voilà justement pourquoi ils cultivent tant la différence : dans un monde où l’intimité devient presque impossible, miser sur sa propre voix -électrique- permet de distinguer et hiérarchiser les relations.

 

Puisque toute trace est perceptible, inventons notre identité !

 

Pour que le courant passe mieux entre nous.

 

Photo de papillons rassemblés en grand nombre

 

Snacks nourrissant ton imaginaire

 

Un monde immense, Ed Yong, Les Liens qui Libèrent, 2023.

Bible scientifique synthétisant nos connaissances en biologie, zoologie, éthologie et écologie. L’article lui doit beaucoup.


Planet Earth III (BBC, 2023)

Série documentaire montrant les vibes inventives des vivants.

Images 3 (abeille & puceron), 4 (macaque), 6 (poisson) et 7 (papillons).


L’art des vivres, Valentin Husson, PUF, 2023.

Livre de philo dédié à la cuisine et aux bons vivants.


Gardiens de la Forêt (Arte, 2023)

Série documentaire montrant héros & héroïnes d’aujourd’hui.


Espèces en voie d’adaptation (Arte, 2023)

Série documentaire soulignant les stratégies animales d’adaptation.

Image 5 (otarie utilisant ses vibrisses)


Communiquer avec les Grands Indicateurs pour trouver du miel

Mieux comprendre la communication des poules

Gastrodiplomatie : des paysans indiens offrent du riz aux éléphants

Des éléphants africains s’appellent par leurs noms respectifs

En Colombie, on a découvert des mouches qui dansent

Des canards cultivant du riz, du Japon au Vermont


 
Jusqu’à preuve du contraire, tous* les animaux sont sentients.

*sauf éponges, bivalves, cnidaires, des vers, etc.


La sentience est la capacité à différencier les mouvements de notre corps (proprioception, etc.) de ceux des autres.


La sentience nous permet de percevoir les vibes en singularisant nos gestes. 

La sentience distribue les vibes sur notre espace-temps.


La sentience organise nos synesthésies.

La sentience coordonne nos expériences vivantes.

La sentience est donc à la base de la communication sensible.


La conscience serait la continuité de la sentience...

La sentience nous donne la capacité d’interpréter nos sensations.

La conscience nous donne l’imaginaire nécessaire aux émotions.


La sentience situe les vibes et la conscience les étend.

La sentience, c’est du concret ! La conscience, c’est plus abstrait.


Conscience sans sentience n’est que ruine du corps.