Influences médiatiques & Why du Web3.

Screens de la série "The Outlaws" (BBC, 2021)

Un Web différent émerge.


D’une part, la blockchain et les cryptomonnaies. La 5G et les objets connectés. 

Un web3 se voulant décentralisé et innovant.

D’autre part, des médias indépendants et engagés. Une infinité.

Des freelances et des collectifs. Enquêtant, publiant, diffusant.


Ces deux mondes du web émergent peuvent se superposer. Mais, souvent, il y a des points de frottements. Des zones de conflits.

Des incompatibilités.

Des croyances et des mondes s’affrontent. 

Autour du Why du Web3, c’est une véritable guerre d’influences !

 

Influences insolentes & crédibilité médiatique

 

Les influenceur·ses sont des prophètes.


La série The Outlaws (BBC, 2021) met en avant cet aspect spirituel de l’influence. Lady Gabby n’a pas le rôle stéréotypé (rabâché par les médias dominants) d’une personne égocentrique ou stupide, promouvant le pouvoir, l’argent et l’apparence.


Au contraire : elle fait preuve d’une grande intelligence émotionnelle, d’un certain génie de la communication et d’un réel désir de liens. C’est la seule, parmi les 7 types de personnages synthétisant la société, à contribuer à la création d’une communauté. Elle y parvient principalement avec l’aide du mec bizarre, du vieux bon vivant et de l’anticapitaliste radicale. Mais c’est elle qui les réunit !


Les croyances évoluent : on croit de moins en moins aux institutions et aux autorités d’antan. Mais on croit de plus en plus aux personnages médiatiques. Chaque génération a ses icônes. Chaque dogme a ses gourous. Le transhumanisme a Mark Zuckerberg et Elon Musk...


🗿 Aujourd’hui, la crédibilité repose sur trois piliers :

  1. Expérience/expertise,

  2. Attitude/engagement,

  3. Preuves sociales.


Les influenceur·ses hackent le premier pilier avec les deux autres.

Leur lifestyle (et leurs fameuses citations) est notre mantra.

Leur communauté est notre religion.

Instagram, TikTok et Twitter sont nos églises.


Contrairement aux gouvernants, aux experts et aux leaders traditionnels, les influenceur·ses créent du contenu magique.


Les marques adorent les partenariats. Dans des sociétés où les tabous sont nombreux et les points de vue très polarisés, l’impact des influenceur·ses est fondamental.


Les influenceur·ses nous inspirent et nous unissent.

Mais les influenceur·ses ne sont pas des saints...

Les influenceur·ses sont vulnérables et humains.


Comme nous !


Dans une guerre d’influences, nous sommes tou·tes amené·es à influencer, à conspirer, à organiser.


L’influence attire toujours son lot de haters et de harcèlement.

La création de contenu et les interactions permanentes sont très chronophages. Difficile de ne pas se noyer dans les notifications...


🗿 Il y a des gourous et des stars dévorées par le pouvoir... mais beaucoup d’influenceur·ses font de leur mieux. Pour leurs followers. Pour un monde meilleur. Comme des hippies 2.0 aux superpouvoirs.

Les influenceur·ses, en tant que privilégiés·es, sont là pour aider à créer des communautés. Décentralisées.


🙏 Je me méfie de toutes les religions. Mais je suis polythéiste. Si des personnes sont là pour incarner l’amour, la joie et le plaisir, j’ai envie d’y croire. Ce texte est une petite prière.

 

Le Web3 a un problème de Why !

 

Je ne crois plus aux NFT...

Je ne crois pas aux cryptomonnaies.

Je ne croirai jamais aux métavers.


Pourquoi décentraliser ?


Au départ, l’idée est de se passer des plateformes.

Celles-ci dominent le Web 2.0 : « user first » a donné une économie de l’attention dominée par les algos des GAFAM.


Or, le web3 prend la même direction. En pire : les NFT dépendent de plateformes dépassées et fermées ; les cryptomonnaies dépendent de la spéculation et d’autres moyens de paiement ; les métavers sont des réalités augmentées où les plateformes nous écrasent encore davantage... Ce sont des usages problématiques de la blockchain.


En l’état actuel, ce sont des infrastructures toxiques.

La blockchain a de l’avenir mais pas sans un Why solide.


Revenons donc à notre question : pourquoi décentraliser ?


1. Pour une distribution éthique des richesses.

2. Pour la liberté de publication (contre la censure).

3. Pour le respect de la privacy (contre la surveillance).


Aujourd’hui, de très nombreux outils existent pour les points 2 et 3.

Ces outils sont Open Source, souvent Open Access.

Basés sur le partage (comme le P2P et le réseau Tor)

et la cryptographie (E2EE, Zero-Knowledge).


Reste le problème éthique des richesses.


Un Web3 ouvert et prometteur doit être accessible et « media first ».

Par exemple, on utilise Canva, Notion, Figma et du low-code comme outils au service de nos écosystèmes. De nos biotopes.


Décentraliser doit d’abord passer par une multiplicité médiatique : distribuer du contenu et le monétiser de différentes manières.


Mais la nécessité du branding oblige à conserver un média centralisateur. Au minimum, un agrégateur de liens...

Pour éviter de rester dépendant d’une plateforme (Youtube, TikTok, Twitch, LinkedIn, OnlyFans, etc.), la meilleure stratégie actuelle semble être la newsletter...


Il s’agirait de déployer un système d’abonnements à trois niveaux :


1. Une missive gratuite pour faire grandir et fidéliser une audience.

2. Une missive premium pour nourrir une communauté en contenu exclusif.

3. Une missive VIP pour du contenu personnalisé : vente à l’unité, missions, coaching, cours, tips, merchandising, etc.


Les protocoles d’e-mails étant moins safe et décentralisés que les messageries, il est possible d’utiliser celles-ci pour les VIP.


Un Web3 souhaitable combinera le meilleur du Web2 (Wikis, Signal) et le meilleur du Web1 (blogs, forums) avec une décentralisation ouverte et accessible.

 

Décentralisation médiatique conviviale

 

La clarté est surcotée !


La domination de la clarté, depuis l’avènement de Google, semble sans partage. Pourtant, ce n’est pas le plus important !

Vous ne ferez jamais la différence avec davantage de clarté.

La plupart des sites sont déjà clairs, et, aujourd’hui, un peu d’obscurité apporte du mystère. Des textes plus contrastés. De la tranquillité.


Une page obscure mais concise a plus de chance de retenir l’attention et de convertir qu’une page pleine de blabla. Une page claire mais imprécise, insipide et froide ne nous parle pas.


Un manque de concision est souvent agaçant. Plus qu’un manque de clarté. L’impression de perdre son temps... Mais il y a pire :


Une page manquant de pertinence.


Si ta page répond exactement aux désirs de ton public, elle touche ! 💘

Même peu claire et peu concise. Si, au milieu de l’obscurité et des parasites, tu utilises les bons mots, l’utilisateur·ice voudra en savoir plus.


Iel ira plus loin pour clarifier et approfondir. Iel te contactera.


Croire que la clarté et la concision importent plus, c’est croire qu’une page (ou un média) doit privilégier la transmission d’infos. Or, il faut faire primer la communication. C’est-à-dire la transmission de communs.


😈 Une page ni claire ni concise ni même pertinente génère de la frustration, voire de la colère. Autrement dit, c’est mal parti... mais ça génère des émotions ! De l’énergie, des conflits !


Si cette page est conviviale, si elle porte bien son nom (page d’accueil), si elle communique quelque chose de positif, certaines personnes resteront. S’en souviendront. Reviendront. Finiront par interagir.


Par converser.


La plupart des pages d’accueil, claires et concises, tombent presque immédiatement dans les limbes. Oubliées.


Cela n’arrivera pas si elles sont pertinentes et conviviales.


Convivialité > Pertinence > Concision > Clarté.


Cette formule vaut pour tout média.

Un média engagé et indépendant est un média convivial !


Les environnements clairs ne font, le plus souvent, que reproduire les normes. 

C’est pourquoi ils sont insuffisants.



Décentraliser avec intelligence consiste à influer en faveur de mondes conviviaux. Désirables.

Pour une décentralisation radicale des structures d’influences, le web émergeant a besoin de médias engagés. Auxquels croire, adhérer.

Faire bouger les choses, toucher au contexte médiatique, impacter et construire, c’est indispensable, ...pas primordial.

Mais de nouveaux médias, c’est déjà un bon début !