Pour une éthologie décoloniale et queer


Abeilles sauvages vues depuis leur ruche dans un arbre (1)

« Les abeilles nous dansent la ligne de partage, fondatrice du politique, entre amis et ennemis. »

(Morizot, 2023)


Bees & beavers. Coraux et forêts. Faune, flore et fonge...

Pour préserver l’habitabilité de la terre, il nous faut les aider.

Certaines alliances vivantes sont documentées et évidentes.

Mais pour mieux connaître nos amis, il nous faut enquêter !


L’éthologie, science des comportements et art du tact, nous permet d’y voir plus clair : quelles questions sont prioritaires ? Quelles actions sont à privilégier ? Comment nouer des relations diplomatiques ?


Cet article est une aventure, politique et synesthésique, nous engageant dans l’inventivité queer des puissances du vivant !


Sommaire :

1. Nous sommes le printemps qui se défend.

2. Des relations diplomatiques, justes et libres.

3. Snacks nourrissant ton imaginaire.


Nous sommes le printemps qui se défend


Les vivants nous traversent et nous dépassent.

Nous font, nous fondent, et nous défont. Ondes.

C’est pourquoi les défendant, nous nous défendons.... Dons.


Éthologie et écologie sont au cœur des sciences du vivant.


Cependant, c’est très récent, en Occident !


Ethos désigne d’abord la conduite des corps (et leurs comportements).


Ce concept grec donne l’éthique (« juste milieu » chez Aristote, par ex.)


Or, jusqu’au XXème siècle, les animaux non-humains étaient souvent étudiés en laboratoire : « éthique » contradictoire !

Héritières des voyages et enquêtes naturalistes, l’éthologie et l’écologie restent confidentielles jusqu’aux années 1950...

Enfin, des scientifiques acceptent d’écouter les autres vivants...


🐒 Des millénaires de retard accumulés par rapport aux savoirs de nombreux peuples autochtones ! Longtemps, les colons massacrèrent animaux et indigènes d’un même geste.


L’essor de l’étude des comportements animaux non-humains (éthologie) a lieu en même temps que celle des comportements humains (anthropologie). L’écologie moderne, comme étude des relations entre vivants dans un biotope situé, en est dépendante.


🐒 Il faut attendre 1960 pour que Jane Goodall documente la fabrication et l’usage d’outils par des chimpanzés (sur les rives du lac Tanganyika). En 1962, Rachel Carson publie Silent Spring alertant sur l’extermination des insectes (et oiseaux) par les pesticides.

Même année que La pensée sauvage de Lévi-Strauss...


Il y eut, depuis, 3 phases révolutionnaires en éthologie :


  1. Observer différentes espèces animales dans leur milieu de vie. Documenter leur quotidien en le respectant (à partir des années 60). Toute interférence est une communication interespèce.

  2. Chercher à comprendre leurs cultures (années 80-). Us et coutumes. Leur créativité. Ce qui, auparavant, n’était qu’anecdotes, devient savoir-faire transmis d’une génération à l’autre.

  3. Documenter grâce aux technologies audio-visuelles (XXIème s.) Pièges photographiques, caméras cachés, GoPro, drones, optiques infra-rouges et UV, etc. La BBC, par exemple, a un très gros budget pour observer les comportements.

Aujourd’hui, nous sommes dans une 4ème phase : la démocratisation de l’éthologie et de sa médiatisation !


🐒 De nombreuses applications aident ainsi à identifier les vivants.

Internet regorge de ressources pour en analyser les cultures.


De nombreux profils de réseaux socio-médiatiques sont consacrés à la vie quotidienne de nos cousin·es à poils, plumes ou écailles, etc.


Maintenant, sortez et allez les écouter !


Vous pourriez même entendre des...


Plantes crier !


Une équipe scientifique est parvenue à distinguer les plaintes de plantes déshydratées des cris de plantes qu’on mutile.


Les communications olfactives et tactiles des espèces végétales sont déjà bien connues. On a donc aussi, désormais, des témoignages audios ! Nous pouvons écouter plants de tomates et de tabacs.


Il semblerait que les communications tactiles et olfactives soient pour le quotidien. Quand ça va bien... Good vibes. A l’inverse, de nombreuses plantes se font entendre -en ultrasons- en cas de stress ou de douleurs.


Cela ouvre de nombreuses questions :


- Qui, dans leur entourage, les entend ?

- Comment réagir à leurs appels ?

- Qu’en pensent les pollinisatrices ?


Abeilles sauvages vues depuis leur ruche dans un arbre (2)


Il faut des safe spaces pour les abeilles ! 🐝


L’étude des émotions et des cultures animales se focalise, le plus souvent, sur les mammifères et les oiseaux.

Des vertébrés, comme nous.


Mais il y a de plus en plus d’exceptions.


Les cultures céphalopodes. Notamment celles des mollusques octopodes, telle la pieuvre. Y en a qui changent de couleurs en rêvant !


🐝 Or, il y a aussi les cultures des espèces pollinisatrices.

Fruit d’une co-évolution avec les angiospermes (plantes à fleurs) vieille de plus de 120 millions d’années !


Parmi les espèces pollinisatrices, les abeilles (bees) se distinguent.


🐝 Co-créatrices du printemps, ces invertébrées, insectes volants, maintiennent richesse (fruits, légumes, etc.) et beauté du vivant !


Hélas, nous savons au moins depuis 1962 (Silent Spring, Rachel Carson) que l’agro-industrie les massacre.


Nous savons que les biocides (engrais, pesticides, etc.) empoisonnent la terre, les végétaux et les pollinisatrices. Donc aussi les oiseaux.


🐝 Nous savons désormais que les abeilles survivantes sont traumatisées. L’agro-industrie terrorise nos amies ailées !


Dans les espaces sauvages et les espaces agroécologiques, respectueux du vivant, les abeilles trouvent leur équilibre...


Elles sont enthousiastes et ravies de polliniser tout en se nourrissant :

ça bourdonne et ça bourgeonne !


🐝 C’est pourquoi l’avenir du printemps se joue là : protéger les abeilles, c’est d’abord se soucier de leur bien-être. Leur redonner plus d’espaces sans stress. Des espaces où polliniser en paix.


Nous sommes le printemps qui se défend !


Dauphin d'un aquarium conversant avec un paresseux (suspendu à sa branche)

Nous avons appris à converser avec d’autres espèces.


🐒 Le plus facile : grands singes, chiens, perroquets et dauphins.


Mais, le plus souvent, c’est en leur apprenant notre langage.

Plus particulièrement, la langue anglaise des éthologues.


🦜 Par exemple, on s’entretient avec des perroquets grâce à la syntaxe et au vocabulaire EN. C’est souvent cette même langue qui est utilisée pour éduquer les chiens ou les dauphins...


La langue des signes est aussi utilisée pour discuter avec des chimpanzés. Un clavier informatique avec des bonobos...


Mais ce sont toujours des gestes et des signifiants humains !


🐕 Ces espèces sont toujours curieuses et se démarquent par leur immense intelligence émotionnelle.

Comme les éléphants, les cochons et les rongeurs, d’ailleurs.


🐒 Heureusement, de plus en plus d’éthologues cherchent à comprendre leur langage. Quelles langues utilisent les bonobos ?

Que signifient ces grognements et ces gestes précis ?

Est-ce un dialecte propre à cette tribu ?


🐬 Que désignent ces clics et sifflements, pour les dauphins ?

🐕 Ces frétillements, frottements, pisses et aboiements, pour les chiens ?


🦜 C’est probablement l’étude des langues aviaires qui est, aujourd’hui, la plus avancée. La bioacoustique permet de distinguer de mieux en mieux la complexité de l’expression vocale propre à chaque espèce d’oiseaux.


L’usage des ultrasons chez de nombreuses espèces animales (comme chez les plantes) est une autre piste...


🐬 Mais la communication acoustique n’est qu’une possibilité parmi d’autres. Respecter les différentes cultures animales, c’est accepter d’apprendre leurs langues. La communication interespèces en dépend.


Les espèces animales ayant appris notre langage sont des espèces médiatrices du vivant.


Des diplomates écologiques.


🐒 Mais si nous -homo sapiens- voulons devenir syndicalistes de la faune, parler au nom de très nombreux animaux, il nous faut redoubler d’effort pour les comprendre. Leur parler et mieux les représenter.


La connaissance des plantes qu’ont les abeilles devrait nous inspirer.


Comme celle des céphalopodes pour les poissons.


Ou le sens de l’accueil des wombats.


La convivialité des capybaras.


La solidarité des rats !


Bref, décolonisons l’éthologie

et ouvrons-nous aux autres mondes !

 

🔬 L’objectivité scientifique (occidentale) est un outil de domination.


C’est l’histoire de la colonisation et de la mise au travail : des terres, des animaux non humains, des esclaves, des pauvres, etc.


C’est aussi l’histoire d’un refus de communiquer. Sounds familiar ?


🔬 En instrumentalisant les vivants, des labos aux abattoirs, des zoos aux industries, l’objectivité scientifique nous en a séparé. Abysses.


La domestication (élevage et compagnons) est devenue, peu à peu, la voie unique, écrasante, de notre relation aux animaux.


🦎 Pourtant, comprendre les différentes cultures animales, leurs pratiques ancestrales, leurs us et coutumes, et surtout, leurs langues, leurs manières de communiquer, au sein et avec les autres espèces, requiert de les accueillir. Explorer nos interactions au gré des rencontres.


🦎 L’éthologie est aujourd’hui une affaire d’observation participative.

Des « égards ajustés » aux différentes situations vivantes.


Il ne s’agit pas de chiffres, d’objets ou même de sujets.

Il s’agit plutôt d’émotions, d’empathie et d’enquête.


Il n’y a pas d’écologie sans un minimum d’animisme.

Il n’y a pas d’éthologie sans un minimum de jeux.


🦎 Explorons !

Couverture de "L'inexploré" (Baptiste Morizot)


Des relations diplomatiques, justes et libres


🌸🐝 Explorons les métamorphoses du monde habitable.

Profondément déstabilisé. Déséquilibré.

Des vivants non-humains nécessairement entrés en politique.

Des relations à tisser, quotidiennement, entre chimères.


🐺 Comme les coyloups. Nouvelle espèce parcourant les plaines canadiennes. Comme les coraux, les lichens, les mycorhizes... Ces symbioses mutualistes qui, toutes, héritent des chimères ancestrales.


La photosynthèse, structurant l’habitabilité du monde, est chimérique !


🐺 Nous, animaux, sommes des holobiontes, chimères aux corps communistes, mus par des bactéries, des champis et des virus.


Nous habitons le vivant, traversées de relations.


Donc la déstabilisation extrême, imposée par l’Empire colonial carcéral et hétéronormatif, nous oblige à l’engagement !


🌸🐝 La rigidité hétéronormative est un frein, a minima un biais, pour bien comprendre et accueillir les vivants. Or, complexité relationnelle et statuts fluides sont des spécialités queer !


Nous avons tendance à préférer les animaux qui nous ressemblent. Privilège du visible et des grands mammifères !


🐺 Mais nous avons besoin de « sciences diplomatiques » avec chaque vivant. Leurs relations éthopolitiques et géopolitiques, anciennes de millions d’années, sont fragilisées par des ennemis communs.


En outre, il s’agit, pour nous, de découvrir : ouvrir de nouvelles voies de communications. De nouvelles diplomaties animales et végétales.


Pour résoudre les conflits d’usage.

Cohabiter sur cette planète Terre.


🫏 Par exemple, certains chiens font de la diplomatie entre humains, loups et brebis. Au Colorado, des ranchers ouvrent de nouvelles voies : ils font venir des ânes ! Les chiens occupent les loups au loin et les ânes protègent les vaches lorsque les loups débordent les chiens...


Explorer, rencontrer.

S’équiper, s’émerveiller.

Enquêter, documenter.

Découvrir, négocier.


Stabiliser, équilibrer.

 

Deux ptérodactyles dansant sur une plage


L’intelligence inventive du vivant

 

Dans un cosmos où « tout se comporte » et où « tout communique », les espèces vivantes ne dépendent pas que d’une sélection naturelle des usages corporels les plus efficaces et reproductibles. Adaptés.


L’ancestralité des usages du corps, dont on hérite souvent inconsciemment, comporte savoir-faire et savoir-vivre à communiquer. N’en déplaise aux survivalistes/solutionnistes, l’adaptation des vivants aux milieux n’est ni causale ni déterministe.


« Chimère de Midas et Méduse, la cause désanime tout ce qu’elle touche » Les vivants communiquent sans causes, ça cause le trouble, équivoque...


Les symbioses sont toujours ambivalentes : mutualistes ou parasitaires.

L’évolution des comportements vivants communiquent coopération ou compétition, entraide... mais parfois prédation.


« La plante verte dans votre champ de vision, par exemple, est capable de se nourrir de lumière et d’eau pour créer, à partir de matière stellaire, minérale, de la chair vivante, et de produire des substances guérisseuses, qui nourrissent et soignent, sans intention, le reste du vivant. »


Mais ce qui nourrit et guérit pour l’une peut être toxique pour l’autre...


Ainsi, les vivants sont ouverts à leurs vulnérabilités communes : amphibioses. Nos interdépendances peuvent être bénéfiques ou néfastes, selon les situations et les relations, pas selon les statuts.


En revanche, le soleil donne. Inconditionnellement. Merci !


L’inerte (l’abiotique) évolue et se comporte sans s’en faire.

Sans se sentir concerné. Zero fuck given.


Le rocher et le robot s’adaptent et communiquent comme ils l’ont appris. L’eau suis ses caractéristiques.

Le vent souffle sans se soucier des courants d’air...


Inversement, le vivant invente !


L’ancestralité sédimentée en mémoire crée de l’imaginaire en chaque corps vivant.


La mémoire inventive des vivants leur donne une puissance d’agir détournant les usages. Créant des formes.


Les vivants s’adaptent et adaptent le milieu à leurs corps.

Les vivants sont des corps concernés par leur évolution.


Being a body who cares : that’s #life.


Les vivants inventent des usages corporels for fun !

Des ailes colorées pour séduire ou pour voler.

Des clitoris pour se détendre, se soigner ou orgasmer !


Rendre justice aux vivants, c’est admettre leur liberté d’usages.

Leur capacité à inventer du luxe. Des sensations et relations inédites.


« Le vivant, c’est ce mode d’existence dans le cosmos qui possède près de 4 milliards d’années de mémoire sédimentées dans chaque corps, dans chaque cellule, mais cette mémoire est toujours disponible à la surface du présent, activable face au problème de vivre : pour lire et comprendre une idée nouvelle, vous activez en vous la mitochondrie, cet organite cellulaire qui était un être libre et que vos ancêtres unicellulaires ont incorporé il y a 2 milliards d’années pour en faire l’usine à énergie de chaque cellule de chaque corps ; mais aussi le cerveau, dont la structure tissulaire a été inventée par la lignée des éponges ; et encore l’œil-puits, miracle du Cambrien qui a rendu le vivant capable de faire justice aux promesses de la lumière ; et le pouce opposable des primates pour tourner la page... »


Ou pour scroller !


La « réserve exaptative », c’est cette puissance de jeu et d’invention permise par la sélection ancestrale adaptative. Disponible pour communiquer des sensations et émotions nouvelles.


Le vivant est la limite en l’infini de la technologie.

La tech aura beau devenir la + perfectionnée et intelligente possible, elle ne fera toujours qu’asymptotiser le vivant.


Mais la tech, comme l’abiotique terrestre (l’eau, le soleil, les roches, etc.) structurent les habitats. C’est pourquoi les homo sapiens en sont obsédés. Obsession pour la maîtrise de nos conditions d’habitabilité.


Pourtant, les vivants ont déjà cette singularité : puissance de trouver la meilleure timeline et même la meilleure vibe de la meilleure timeline !


La tech doit donc rester un outil puissant pour mieux communiquer.


Être un corps signifie avoir des sensations. Communiquer des émotions.

Les vivants aiment tant se répandre que les cultures doivent se baser sur le consentement et la diplomatie. Art du tact.


L’eau laisse des traces en se comportant.

Nous laissons des traces en ressentant.


Nos erreurs ne sont pas résolues par les mathématiques (la tech).

En vivant, nous faisons des erreurs d’usages et celles-ci seront réparées, ajustées, seulement par la communication sensible et la conversation.


« Le vivant est une manière poétique de plier du temps sur lui-même » 

 

Un crocodile souriant avec un papillon posé sur sa tête


Nous bricolons des alternatives.

Usages poétiques et luxueux du temps mythique incorporé.

Origamis d’avenirs chimériques.


« L’intelligence postulée chez chacun loge dans la finesse des relations entre tous. »


Gloser sur les comportements ancestraux, nos ascendances aliennes, c’est faire justice aux interprétations du vivant.


Enquêter : interpréter, pratique de l’« ou pas. » Multivers.


C’est parce que le vivant interprète ses relations qu’il invente.

C’est parce que le vivant interprète qu’on lui doit ce type d’enquête !


Nos manières d’enquêter, au contact des vivants, sont chimérisées.

Tissées d’interprétations complémentaires mais distinctes.


🌺🐝 Par exemple, si nous partons d’une exploration animiste, chaque vivant rencontré est, jusqu’à preuve du contraire, une personne.

Qui est-elle ? Dans quelles relations ? Que communique-t-elle ?


Cette vibe animiste ne vise pas la conversion (ou l’appropriation) mais plutôt l’invention de dispositifs d’enquêtes plus justes : parce qu’il s’agit de jouer ou négocier avec une personne étrange (à plumes, à stomates, à spores ou unicellulaire), il nous faut adopter sa perspective...


S’adapter, c’est s’adopter.


Multiplier les interprétations est autant une stratégie (éthopolitique) qu’une nécessité (pour stabiliser nos relations, dans la durée).


Rencontrer les puissances vivantes ouvre à trois échelles d’interprétations : l’enquête sur les espèces (potentiels évolutionnaires), celle sur les biotopes (écosystèmes habités) et celle sur les personnes (éthopolitiques). Ces timelines ont chacune leurs ambiances.


En tant « que configurateurs d’invites », les corps vivants utilisent leurs « sens autochtones » pour interpréter. Chaque perspective dépend de l’usage de son corps et de ses relations.


En enquêtant, avec nos propres émotions et relations, nous devons ajuster nos interprétations à chaque POV !

 
 

🌺🐝 Par exemple, il sera parfois préférable d’utiliser les outils de la bioacoustique pour les relations entre pollinisatrices et angiospermes ou pour interpréter les langues des oiseaux percheurs.


Mais on pourra aussi bien documenter les communications visuelles ou olfactives (avec des caméras cachées et des relevés de traces) pour stimuler les multivers interprétatifs de relations entre singes, jaguars et rapaces...


Quant aux microorganismes, les vivants invisibles, ils nécessitent souvent l’usage de technologies adéquates.


Bref, enquêter dans les multivers et l’infinité de ses perspectives, requiert une grande organisation et de la créativité.


🌺🐝 Si les sciences diplomatiques nécessitent un minimum d’enquête (do your homework, babe !), au moins à l’échelle évolutionnaire, on peut aussi bien explorer et communiquer, au moins à l’échelle éthologique, avec curiosité, tact et empathie.


L’échelle écologique privilégie des manières d’enquêter analogistes : les « influences invisibles » liant les vivants au sein d’un écosystème.


Il s’agit, notamment, de penser aux paysages sensoriels, à ce que telle espèce provoque en telle autre espèce pour y envisager la diplomatie.


« Les malentendus entre espèces sont de l’étoffe dont on fait les mythes. »


Mais ces malentendus écologiques, parfois sources de conflits, n’ont rien de naturel, ils sont éthopolitiques.


« Naturaliser les alliances, c’est les empêcher d’entrer en politique. »


L’usage du mot « nature » est souvent un piège.


- Soit on l’entend au sens (étymologique) de ce qui naît et qui croît : les racines gréco-latines (phusis puis natura) ont donné les sciences physiques. Ici, la Nature, c’est l’ensemble des forces matérielles. Les « Lois de la Nature » sont, dans ce cas précis, mathématisables. Mais ce sens-là ne dit rien des vivants et de nos relations.


- Soit le mot est utilisé, en un sens colonial et hobbesien, pour désigner les rapports de pouvoir (avec la « loi du plus fort » et la fable d’un « état de nature »). Dans ce cas, c’est une naturalisation visant à dépolitiser.


 - Soit il est utilisé en un sens plus flou et mystique, visant une certaine harmonie paysagère, voire déterministe. Ici, « la nature » serait ce qu’on aime et qu’on défend, quelque chose de sacré, de donné. C’est une vision naturalisant et muséifiant les relations. Dépolitisant, bis !


- Enfin, il y aurait, selon certaines personnes, une « nature humaine » ou une « nature canine », etc. Ici, c’est plutôt une manière de caractériser une espèce en la réduisant à des clichés pour renforcer l’ordre établi.


Pourtant, il existe toujours des alternatives au mot « nature » ! 😉


🦫 Quelques exemples :


« Nature is healing » signifie qu’on retrouve des relations plus justes, plus libres et plus stables. Néanmoins, « la Nature », ce n’est ici que la part ancestrale, ce qu’on hérite de l’évolution. Ce qui « va mieux », en voie de guérison, ce sont nos relations ! Nos interdépendances inventives.


« La Nature reprend ses droits » veut dire le retour d’égards ajustés entre vivants. Des relations enfin apaisées, mutuellement bénéfiques.

La « nature » dont on parle ici n’est pas celle de la physique.

Encore moins celle du pouvoir ou du paysage harmonieux.


🐝 C’est une « nature » éthopolitique, c’est-à-dire des alliances vivantes.


« Les vivants sont vus comme des entités auxquelles on doit des formes de réciprocité, du fait, d’abord, qu’elles font le monde qui nous fait. L’essence de la relation ‘non naturelle’, donc réciprocitaire avec d’autres formes de vie, ce sont les égards. »


La réciprocité, des égards aux bénéfices mutuels en passant par la négociation diplomatique, c’est du win-win !


Mais c’est aussi le respect de nos engagements avec les vivants.


🦫 Les égards sont à ajuster à chaque situation car on ignore le statut du vivant qu’on rencontre, l’ampleur de la relation qui nous lie...


« Ce n’est pas de la morale, mais un artisanat pratique, une sensibilité, un goût empathique. L’ajusteur est un artisan, comme un tailleur, sensible à la singularité, toujours prête à retailler. »


Face à nous : « Ce que le naturalisme, cette conception du monde occidentale tardive, a créé en inventant la ‘nature’, ce n’est pas rien : ce sont les premières relations au monde qui se passent d’égards. »

Cette cosmologie, hostile au vivant, a été appliquée, de manière systématique, par les Empires coloniaux.


Ce sont les machines coloniales, carcérales et morales qui, depuis 5 siècles, administrent « la Nature » réduite à l’état de matière.


L’Empire biocratique dépeuple.

Ses machines déchirent les relations et vident les mondes.


Face à elles, répondons aux invites vivantes, faisons cause commune !


Industrie de l’exploitation contre artisanat du tact.


« C’est une alterpolitique vivante avec tout ce qui se comporte et communique, fondée sur les aptitudes éthopolitiques des vivants »


🐝 Des relations alternatives, conviviales, queer, ouvertes, inventives !

"For a healthy and connected planet, we must preserved the freedom to move"


Relations éthopolitiques à stabiliser


L’opération d’« hygiénisation monospécifique » a colonisé les relations.


En imposant la famille nucléaire (patriarcat, culture hétéronormative et dominations), les colons ont séparé, divisé, isolé et mis au travail les corps. Colonisation v. Communes queer.


« Ils portaient des noms d’animaux parce que c’étaient les noms d’alliances interspécifiques par lesquelles ils étaient tissés au territoire. Les Blackfoot considèrent appartenir à des « alliances naturelles » qui dépassent la seule espèce humaine et incluent d’autres formes de vie. Certains clans sont alliés avec le loup, d’autres avec l’ours, d’autres avec le bison. [...] C’est ce qui tisse un peuple à un territoire, ce qui fait qu’on ne peut pas vivre hors sol, car chacun est profondément constitué par ses interdépendances avec le territoire. Et Bastien soutient que pour prendre le territoire et contrôler les autochtones, la colonisation a impliqué de les déplacer dans l’ordre ‘individualiste capitaliste’, dans lequel ils ne pouvaient plus être tissés à des non-humains, et où ils étaient tissés seulement à des humains, par la filiation (le père, qui transmet le nom, et l’héritage), érodant ce faisant les collectifs interspécifiques aussi bien que tribaux en familles élargies. »


Parmi les alliances éthopolitiques les plus spectaculaires et documentées, il y a celles entre (grands) mammifères, mais aussi nos relations avec les oiseaux (Indicateurs, corvidés, charognards, etc.)


Les niches territoriales se composent selon les saisons, les cycles de la journée, les habitats et les espaces sonores à partager. Ainsi, un territoire semblant appartenir à une meute de loup recèle en fait une infinité d’espèces aux relations éthopolitiques subtiles.


Villes vivantes (forêts, coraux, etc.) et inventives.


Les relations mutualistes et coopératives sont la norme même si elles supposent souvent la mise en place de dispositifs défensifs.

Ce n’est pas par manque de confiance envers l’alien rencontré mais par prudence désarmante ou sagesse ancestrale.


Des relations ajustées et durables entre puissances, personnes et populations vivantes multi-spécifiques. Des relations alterdiplomatiques. 


Même la prédation (relation trophique), marginale au sein du vivant, n’implique pas forcément de mise à mort ou à mal. C’est lorsque le rapport de pouvoir (cratique) se surimpose que la prédation devient ce que les homo sapiens en ont fait, fascinés.


EAT ME !


Nous mangeons des vivants depuis toujours, y compris des animaux sentients (vertébrés, céphalopodes, etc.) Mais nous avons conscience de leurs puissances et leurs provenances, ajustant nos égards.


« Nous sommes, comme animaux, des prédateurs empathiques de 2 millions d’années, subvertis par hasard en domesticateurs pendant 10000 ans, et défigurés en producteurs industriels de viande depuis un siècle : c’est notre héritage, à subvertir, à transformer en profondeur, à habiter, et c’est là que tout se joue. »


« Qu’on soit révulsé par l’élevage intensif industriel, c’est seulement un signe que l’on n’est pas un psychopathe ; qu’on soit troublé moralement par la mort animale pour se nourrir, c’est le signe que l’on est un prédateur empathique ; qu’on veuille, de là, militer pour transformer en profondeur les formes d’élevage, refuser de manger toute viande industrielle (ou même toute viande en général parce qu’on ne connaît pas sa provenance ou qu’on n’a pas accès aux alternatives des élevages paysans défendables), c’est le signe qu’on est au diapason de son temps ; qu’on veuille réduire sa consommation de substances animales, pour des raisons d’empreinte environnementale et climatique absolument pertinentes et pour des raisons d’éthique animale révulsées par les modes d’actions de l’élevage mainstream contemporain, c’est le signe qu’on cherche des égards plus ajustés à ces formes de vie et à la biosphère, des relations plus décentes. »


🍖 En revanche, le principe moral du « véganisme ontologique » et de « l’antispécisme » (pathocentriste) criminalisant toute relation trophique (prédation) est profondément absurde et colonial.


« Mais le sens éthique n’est pas un signe d’élection qui nous érige au-dessus de la vie : c’est simplement une manifestation de la vie en nous, comme la capacité de la guêpe à commander un palais à l’ADN d’un rosier sauvage. »


🍖 Dès lors : régime végétal ou régime terrestre ?


Selon les situations éthopolitiques, manger des animaux reste envisageable si on sait d’où ils viennent et comment ils ont vécu. Manger des animaux sera ainsi une fête conviviale (digne de funérailles joyeuses et vitales !) Par exemple : ne manger du bœuf qu’au resto entre potes ou du poisson lors d’un bbq ! Cochon grillé au feu de camp ? Du poulet ou des œufs selon le jour de la semaine, etc. Donner du sens et savourer chaque occurrence de prédation empathique...


En favorisant toujours les possibilités bios, locales et équitables : manger de manière ajustée et cuisiner pour les plaisirs partagés.


En communication, l’intentionnalité est mineure.


Les vivants sont engagés dans leurs envies mais sans forcément d’intention. Invention plutôt qu’intention.


Alterdiplomatie et géopolitique multispécifique. Polytique.


« Dans le vivant, les autres constituent mon territoire de vie, nous sommes glissés dans la vie les uns des autres. »


Slide in their life !


Quels statuts ces relations nous donnent-elles ? It’s complicated !


Des relations désarmantes (stables), en bonne intelligence ; des relations conviviales (durables), en bonne plaisance. Cohabitants et convives.


Nos cohabitants se rappellent à nous. Parmi nous.

Als se lèvent, se soulèvent.

Als recrutent des porte-parole et des diplomates.


« Tout ce qui résiste gagne un nom. Il monte en politique. [...] Tout ce qui nous fait de l’effet gagne un nom. Dès lors qu’il est vivant, il est vitalement engagé : il gagne aussi un intérêt. »


« Le propre d’une puissance, c’est la relation qu’elle vous impose. Vous ne pouvez pas la contrôler totalement, lui imposer la forme que vous voulez, la museler, l’aménager comme une pure matière plastique : elle est férale. Elle n’est pas non plus toute puissante ; elle ne vous contrôle ni ne vous submerge. Une puissance, c’est ce qui vous impose, comme mode de relation, de négocier. »


« Voilà l’intensité du projet alterpolitique envers les non-humains, et en particulier les vivants : ils se lèvent parmi nous comme des cohabitants négligés et des puissances qu’on ne peut plus dédaigner, et exigent sans paroles qu’on traite avec eux, qu’on négocie, que l’on compose. L’alterdiplomate est celui qui se présente aux non-humains qui se sont levés, et qui doit trouver pratiquement comment élaborer avec eux un monde commun meilleur. »


« Dès qu’on a de la gratitude envers une chose, elle devient autre chose : une puissance – qui appelle des formes de respect, de réciprocité, du soin et quelque chose comme de la cohabitation. »


Merci les collemboles, les lombrics, les pollinisatrices, les arbres, les algues, les coraux, les castors, les baleines, les éléphants, etc.


Causes communes & alliances vitales.

Agrégations et compositions.


Nécessité des tiers-lieux diplomatiques, consulats alterpolitiques comme les fermes de plaisance, les refuges, les parcs ouverts. Les rives.

Les corridors, les terrains vagues, les no man’s land. Les ponts.

Pont comme corridor écologique


Écologies castoriparines


Qui sont nos meilleur·es allié·es face aux sécheresses, incendies et inondations ?


🦫 « Ce que les sciences montrent, [...] c’est qu’il existe en fait des praticiens expérimentés et compétents, exerçant depuis 7 millions d’années. Ces ingénieurs, qui terraformaient déjà la Terre alors que nous étions encore des primates frugivores de petite taille, vivant en bandes dans les canopées africaines, ont la forme improbable de rongeurs. »


🦫 « Il existe en effet une puissance sur Terre qui travaille spontanément contre ces fragilisations des systèmes vivants, et cette puissance a été citée dans le rapport du GIEC 2022 comme une alliée décisive contre les effets délétères pour tous du changement climatique.


Cette puissance est capable à elle seule de dépolluer les eaux, de remplir les nappes phréatiques, de lutter contre les sécheresses agricoles, de réduire les inondations, de maintenir les incendies à distance, d’accueillir une diversité vivante riche et active [Goldfarb, 2018]. Dans la langue vernaculaire, on appelle ces fabricateurs de monde... des castors. »


Aménageant les bords de rivières, la plupart des grandes civilisations humaines sont entrées en concurrence avec les castors.

Cohabitations diplomatiques satisfaisantes pendant des dizaines de milliers d’années.


Mais l’aménagement par les puissances morales médiévales européennes a visé l’assèchement des zones humides et l’éradication des vivants. Les colons ont opéré le pire génocide de mammifères sauvages dans l’histoire : massacre systématique des castors européens puis nord-américains. Probablement 200 millions de castors exterminés en quelques siècles ! De nombreuses zones humides ne s’en sont jamais remises... Le génocide des castors en a entrainé d’autres.


Ce n’est que depuis les années 1970 qu’éthologues et écologues sont parvenus à ramener les occidentaux à la raison, len-te-ment.


🦫 Depuis quelques décennies, au Canada, US, en Russie, Europe de l’Est, un peu en Europe de l’Ouest, les castors sont à nouveau les bienvenus...


🦫 « Il faudrait le comprendre à la lumière de ce principe de la philosophie inuit, nommé qanurtuuqartig : trouver des solutions inventives et ingénieuses pour faire face à l’inhospitalité du monde. Le castor construit en low-tech, en éphémère, en matériau vivant, et pour cette raison, son habitat amplifie la vie pour une myriade d’autres formes de vie, à la différence de nos barrages imperméables de béton armé. »


🦫 « L’aménagement moderne des rivières [...] les désarticule de leurs plaines alluviales. Le résultat consiste à accélérer la perte de l’eau, à la dilapider vers la mer et à la déconnecter du milieu terrestre qu’elle devrait hydrater. A l’inverse, l’essence de ce que la présence du castor fait à l’eau des rivières dans un milieu, c’est qu’il la ralentit, la diffuse et la stocke dans les terres, dans nos milieux donateurs quotidiens. »


🦫 « Les castors luttent ensuite contre les incendies : ils créent des refuges de manière répétée et constante. Face aux mégafeux, les fonds de vallée humidifiés par les castors ont trois effets scientifiquement documentés. D’abord, ils ralentissent la propagation du feu et parfois l’arrêtent. Les zones avec castors sont trois fois plus protégées des incendies que celles sans castors, suivant les mesures d’Emily Fairfax dans son article magistral ‘Smokey the beaver’ Ensuite, les fonds de vallée humidifiés constituent un refuge pour toute la faune et la flore sensibles pendant l’incendie. Enfin, ils sont le lieu source d’où la vie peut repartir et se régénérer alentour après l’incendie [...] »


🦫 « Une rivière sans barrage de castors a un pic de débit qui s’arrête avant mai, alors que la courbe de débit d’une rivière riche d’aménagements de castors est une douce parabole qui relâche la plus grande quantité d’eau en plein cœur de l’été, quand les plantes en ont le plus besoin. »


🦫 « Ils sont une force cosmique qui fait communiquer le soleil et le cycle de l’eau au bénéfice de la puissance végétale qui les transforme en vie multispécifique. »


🦫 « En une phrase, les dynamiques-castors créent et maintiennent des paysages extrêmement résilients. Elles reconnectent la terre avec l’eau et permettent à l’eau de protéger les terres des incendies, des sécheresses et des crues. »


Stabiliser les relations, c’est d’abord « raviver les processus » écologiques. Ce n’est pas prioritairement favoriser telle espèce ou restaurer tel habitat, c’est surtout jouer sur les conditions dynamiques des biotopes. Raviver, dans la durée.


Quel est le paysage émotionnel du coin ?


Quelle espèce vivante, peuple animal ou végétal, doit-on inviter ou imiter pour stabiliser l’hospitalité ? Quelles libertés animales doit-on aviver ?


Contre la muséification du vivant :


« En défendant l’ouverture d’un espace d’alliances alterpolitiques avec des myriades de forces écologiques et de formes de vie, je ne fais que rendre visible que, dans la défense de l’habitabilité de la Terre, nous avons un allié occulte, et d’une puissance littéralement cosmique, à savoir le monde vivant lui-même. Dès lors qu’on arrête de le comprendre comme un patrimoine chancelant et passif, une liste apathique d’espèces, qui serait soumise à la seule entropie sans nos puissances d’organisation, sans notre action incessante d’aménagement, de protection, d’intendance et de conduite - mais qu’on le conçoit comme ce qu’il est, à savoir une interdépendance dynamique de puissances immémoriales, un tissu qui se tisse de lui-même, un fleuve d’agents qui crée son propre monde et sa diversité ramifiée, la tâche de défendre n’est plus solitaire : c’est lui qui fait l’essentiel du travail - dès lors qu’on lui restitue les conditions de sa propre expression. Dès lors qu’on en déduit les bons chemins pour l’action, et qu’on lutte impitoyablement contre ceux qui le détruisent. »

 

Maitreyi Ramakrishnan with pups


Snacks nourrissant ton imaginaire


L’inexploré, Baptiste Morizot, Editions Wildproject, 2023.

Toutes les citations sont extraites de ce livre fondamental.

Image 4 (couverture du livre).


Révolutions animales. Le génie des animaux, collectif, Les liens qui libèrent, 2019. Panorama des enquêtes éthologiques.


Les portes de la perception animale, Benoit Grison, Delachaux et Niestlé, 2021. Panorama étho-éco-évo sur les vibes et émotions animales.


Our Planet I & II (Netflix, 2019 & 2023)

Série documentaire montrant les vivants inventant.

Images 1,2 (abeilles), 6 (crocodile) et 7 (liberté).


Prehistoric Planet I & II (Apple TV, 2022 & 2023)

Série documentaire montrant les vivants inventant.

Image 5 (ptérosaures dansant).


Relations diplomatiques en Colombie : apprendre à cohabiter, dans la forêt, entre humain·es, ours·es et aigles.


Relations diplomatiques à Chypre : des chouettes aidant des paysan·nes.


Stabilisation des relations éthopolitiques à Hawaii.


Paysanx queers aux States : un exemple à suivre.


Aller plus loin avec les castors.



« Trouver un lieu vivant à aimer personnellement, et à défendre collectivement. »


Suis les good vibes pour trouver celleux qui te stimulent.

Ton pays. Sans frontières ni drapeaux. Ton lieu de vie.