Cultures zoodynamiques : mèmes, édits, stories
Comment diffuser, faire infuser, nos mondes meilleurs ?
La culture est un ensemble de vibes ritualisées.
Nous cultivons donc des ambiances transmissibles.
Nous cultivons ce qui nous nourrit, nous fait vivre, nous sourit.
Face aux cultures carcérales, brutales ; face aux passions policières et policées ; face au virus du pouvoir ; nous publions et diffusons des cultures douces et désarmantes, décoloniales et libertaires.
La bataille des imaginaires, fantasmatique et médiatique, tisse une guerre culturelle. Comment la remporter ?
Chaque échelle étend sa toile, étend sa soie :
Microbiotes, zootopes, écorégions & biosphère zoodynamique.
Troubler les réalités -transversales- et questionner le statut des puissances : fantastique, fantasy & mystery décrivent ce palimpseste vivace.
La technologie est conduite par le vivant, pour le vivant. Inscrivant nos zoodynamies comme écologies concrètes mais aussi cultures vives.
Cultures vives = sciences du vivant + arts + savoirs + poésie + jeux + spiritualité
Face aux machines abstractivistes, algorithmiques ; face aux bruits des bots et des brutes ; enracinons nos mondes désirables.
Cet article est là pour lier, nouer & ajuster, sciences du vivant, cultures pop et puissances médiatiques.
Sommaire :
1. Mèmes zoodynamiques comme communes imaginaires
2. Édits zoodynamiques et pollinisations médiatiques
3. Stories zoodynamiques, spiritualité et fantasy écolos
4. Snacks magiques nourrissant ton imaginaire.
Mèmes zoodynamiques comme communes imaginaires
Des références communes.
Détournées et réinterprétées.
Des mots sur des images.
Exprimant nos émotions.
Les mèmes sont des mythes médiatiques.
Certaines bactéries ont inventé des stratégies magiques.
Certains virus sont capables de résister en répétant les mêmes séquences ARN enfermant nos ADN en boucles virales. Or, pour sortir de ce bad buzz morbide (littéralement), certaines bactéries font une chose folle : elles réécrivent nos ADN à partir de l’ARN !
Habituellement, c’est toujours l’inverse (ADN -> molécules ARN -> protéines, etc.) Cette stratégie de réécriture génétique montre que les bactéries font au moins aussi bien que la technologie d’édition génétique. Génie minuscule.
Les mèmes sont des bactéries à l’échelle numérique.
Ils ont la capacité de réécrire nos références communes.
En les médiatisant sur les réseaux, prenant les boucles virales à leur propre jeu. Les mèmes nous aident à diffuser nos imaginaires face au virus nous enfermant dans des rapports toxiques. Face au doomscrolling de la domination et de la brutalité.
Les mèmes réécrivent nos mythes.
Sexes, symbioses, horizontales, verticales
Chaque corps humain comporte près de 1000 espèces vivantes.
Chaque mammifère héberge un pays, des peuples minuscules...
Chaque corps complexe, ainsi, est davantage interface que profondeurs, communication qu’identité, partage qu’isolement.
Chaque événement majeur de l’évolution du vivant a inventé un nouveau type de partouze. Cette dernière lie sexe et symbiose.
Le sexe, c’est ce qui du vivant partage, mélange et se répand.
Le sexe, c’est d’abord l’internet inventif des bactéries.
Le sexe, c’est cette coopération horizontale accélérant l’évolution.
Puis, par invention symbiotique, les bactéries créent les noyaux (eucaryotes), la respiration (mitochondries) et la reproduction sexuée.
En sexant et symbiotisant, les cyanobactéries rendent, peu à peu, la terre habitable. La terre devient biosphère. Mysterre. Par zoodynamisme.
Mais c’est l’invention inédite, dingue, de la reproduction sexuée qui influera le plus sur le vivant, par la suite. Ce type de sexe reproductif crée l’ancestralité. La parentalité. La verticalité. Nos racines, nos mémoires. Générations. Transmissions. Ce qui nous hante.
L’ancestralité du vivant stabilise la complexité.
L’ancestralité (verticalité radicale) est la réponse du vivant aux mutations des êtres complexes, multicellulaires. C’est aussi une réponse aux saisons. La verticalité sera ensuite incarnée pour ajuster les mondes. Elle s’ancre dans les racines ancestrales. Mais elle construit aussi l’avenir. La verticalité, ce sont aussi les avant-gardes. Prophètes, chamans. Génies, sorcières. Putes, salopes.
Verticalité be like :
« SPIT ON THAT THING ! »
Ces avant-gardes sont des diplomates du vivant.
Comme les cyanobactéries, les phytoplanctons, les coraux, les lombrics, les mousses, les pollinisatrices, les castors, etc.
Seules ces diplomates, en ajustant les mondes, en stabilisant la complexité zoodynamique, sont légitimes à incarner la verticalité. Troublant l’espace-temps.
Iels ambiancent le mystère, d’un ailleurs à l’autre.
Dans toute autre situation, l’horizontalité moléculaire, synesthésique, du sexe, du jeu, du voyage, du plaisir, prévaut.
Pixies, sprites et peuples fées, incarnent ces médiatrices, cet ajustement entre les mondes, ces diplomaties mystiques propres au vivant.
Féérie des bactéries et enchantement numérique des mèmes.
Cet équilibre entre horizon (de la présence au présent) et verticales (de l’ancestralité à l’avant-garde) s’écrit à chaque trouvaille du vivant comme à chaque mème inventé pour mieux communiquer.
L’usage smart des mèmes, c’est la permaculture numérique.
Édits zoos et pollinisations médiatiques
Les édits sont des poésies visuelles.
Les édits sont des clips dédiés à des puissances.
Minuscules vidéos pollinisant les réseaux.
Des mots et des images mais avec filtres et effets, musique pop, souvent dansante, de quoi butiner TikTok et nourrir X.
Ces petits montages sont une forme d’écriture très tactile.
Les édits mélangent, partagent et répandent des images plaisantes. Nos doigts caressent les images.
Les édits veulent faire fleurir des mondes désirables.
Des good vibes, des ambiances souriantes.
La pollinisation des plantes nourrit oiseaux et mammifères ;
les édits nourrissent nos imaginaires.
Pour la 1ère fois, des insectes ont été observés réussissant à résoudre un problème en 2 étapes. Impossible à réussir seul (pour un invertébré), ce test complexe a montré que les bourdons apprennent les uns des autres. Grâce à leur intelligence sociale exceptionnelle, les bourdons font aussi bien que des corbeaux ou des primates ! Cette réussite inattendue est considérée comme une avancée culturelle.
La culture apide ?
Cette culture zoodynamique prouve que, même avec une durée de vie assez brève, il est possible de combiner horizontalité et verticalité.
Les bourdons pollinisent, nous nourrissent et transversalisent le vivant.
Les édits les imitent. Ils communiquent une culture vibrante.
Les édits invoquent. Convoquent. Manifestent. Sortilèges TikTok.
Les édits spiritualisent la culture pop.
Prières païennes à poster.
Le statut des puissances qui y sont appelées ne cesse de troubler, questionner, queeriser.
La zoodynamie des réseaux, rhizomes d’icônes, s’esquissent et se dansent et toi tu les balances comme une chamane en transe !
Il y a des édits qui tapissent les médias comme de douces mousses alanguissent les forêts. Il y en a qui font friches, herbes folles, esprits des prairies. Il y a des édits qui coulent, glouglou sur ton profil...
En troublant, queerisant, les verticales & les horizontales, les édits transversalisent, aériens, tissant leurs toiles, arachnéens.
Notre poésie alchimique s’entoure d’espèces compagnes.
Notre poésie apprivoise le sauvage par d’étranges alliages.
Les édits sont des remix chimériques.
Stories zoos, spiritualité et fantasy écolos
Stories magiques.
Libérons le merveilleux de l’horreur !
Libérons la fantasy de l’héroïsme !
Réenchantons nos rencontres.
Les stories sont des mises en bouche.
Elles ouvrent nos sens à des mondes désirables.
Elles teasent des histoires de mondes meilleurs.
L’Occident storytellise depuis toujours.
Les States ont perfectionné cet art de raconter.
Du journalisme à la pub, de Marvel à Disney. Mais.
Stories héroïques partout, magie écolo nulle part ?
Pourtant si. Des stories en série, il y en a aussi pour la zoodynamie. Des suites fantasy...
Des contes de fée à Instagram, des jeux vidéo aux séries TV, la durée, continuée, de personnages magiques, dont on questionne le statut, la puissance, l’enchantement du quotidien, il y en a plein !
« Spiritualité : les relations aux invisibles. » (Myriam Bahaffou)
On ne sait pas forcément si nous avons à faire avec des vivants ou des morts. Les puissances (si petites) ont souvent des vies courtes et leur ancestralité se trouve vite pliée à même leur horizontalité.
La fantasy féérique est le registre, la perspective la plus juste pour dire et diffuser nos relations conviviales, diplomatiques et spirituelles. L’omniprésence et l’invisibilité, des vivants comme des morts, minuscules, souterrains ou furtifs, peuplent nos cultures zoodynamiques.
Qu’est-ce qui s’agite ainsi ?
Quelle relation a pu changer (nous traversant, sous nos pieds, ailleurs) l’ambiance ?
Cette composition étrange, cette atmosphère omineuse, cette texture mystérieuse, cette épaisseur émotionnelle... Autant d’indices qu’il se passe des choses entre invisibles, esprits et vivants.
Mais pour conter, narrer, poétiser, storyteller ces relations, il nous faut une médiation : les accueillir par synesthésie, arts et sciences. Les stories montrent une enquête spirituelle. Celle d’un oubli réparé.
Les stories ainsi, rendent justice, en série.
Cet oubli que, du vivant visible, déborde toujours des relations invisibles (verticales et horizontales), que des corps perçus obfusquent toujours des corps furtifs, que la surface zoodynamique est pleine de profondeurs microzootiques, cet oubli se répare par des histoires. Magiques.
Pourtant, chaque peuple vivant a son histoire propre. Tissée aux autres mais avec sa cosmogonie, singulière. Nos sociétés humaines, hyperconnectées et technocentrées, sont un monde féérique pour les autres espèces. Un monde de géants ou un monde de trolls, un monde bizarre… Souvent à éviter, parfois à visiter. De même, les peuples de mycètes ne peuvent être ajustés aux nôtres que par des mots magiques. Les poissons abyssaux ne peuvent être compris que comme des monstres, sirènes ou métamorphes... Puissances dignes de légendes.
Or, il en va ainsi, potentiellement, pour chaque zootope.
Chaque lieu de vie est épais d’esprits.
Chaque lieu de vie mérite ses contes.
Chaque lieu de vie storytellise.
Caractéristiques, capacités et comportements des animaux sont au cœur de ces histoires féériques. Des pouvoirs souvent merveilleux parce qu’éloignés des nôtres : voler ! Ressusciter ! Echolocaliser. Maîtriser le champ électro-magnétique. Se métamorphoser...
Une infinité d’usages corporels troublant les catégories et les statuts des vivants.
Cercles conceptuels : human-like (des gens), mammal-like, animal-like/animal-ish/plant-ish, fung-ish, etc.
Nos cultures communes zoodynamiques.
Des récits qui nous relient.
Des stories approfondissant nos proximités.
3 temps, 3 mouvements :
Oh, wow !
Merci !
La luxuriance inventive des contes & légendes de Dead Boy Detectives, vibe spectrale, illustre l'évolution du vivant, ses mondes différents, où trouver l'équilibre, nourrir le gros poisson (sirène ? Monstre ?) ou convaincre le grand champi (parasite ? Auxiliaire de la sorcière ?), négocier, diplomates de l'au-delà, sans vouloir de pouvoirs mais en hantant juste, en revenant, vibrant, à travers l'espace-temps. Fantasy comique qui, sous ses atours fun, est profonde comme les racines ancestrales de Crystal. Du magique extra "relatable" parce qu'écologique, horizontalisant, photosynthétisant les spectres. Mais qu’est-ce que le « cat king » ?
Nightmares & Daydreams : anthologie de contes sociaux fantastiques ou fantasy série mythologique ? Le trouble secouant les réalités se trouve subtilement visité par la magie. Perle indonésienne aux multiples facettes. Les tropes connus, utilisés avec efficacité, sont toujours légèrement débordés par des personnages dont le statut questionne et queerise. Ici, les puissances spirituelles sont l’écume des vagues narratives.
Dans Fantasmas, chaque scène ambiance des histoires étranges, du queer hamster club aux sirènes des toilettes, de Bibo le robot théâtreux à Pirulinpinpina, social media manager ou marionnette fongique, de l’invasion des petites gens à quête du vivant, celui qui dérange, à qui on demande une preuve d’existence pour accepter de cohabiter… Dans ce florilège de vibes queers, les réalités sont strictement relationnelles.
Pensons aussi à la cosy fantasy. Ou aux stories SF biopunk solaires.
Les stories zoodynamiques sont une culture de l’émerveillement quotidien.
De l’enchantement populaire. De la magie concrète.
Curiosités, musements, enquêtes.
« nous commençons à sentir que les hommes et les femmes, les garçons et les filles, les gros animaux et les petits insectes, les arbres et les fleurs, que les mauvaises herbes du bord des chemins, les fougères et les joncs de la forêt, les lichens gris sur les falaises et les clôtures, les algues qui ondulent dans les bassins rocheux, et les êtres vivants si petits que nos yeux ne peuvent pas les voir – que tout cela est lié par le lien de cette chose étrange et merveilleuse appelée vie ; la pensée que j’espère que chacun d’entre vous emportera chez lui est la suivante : parce que cette chose étrange que l’on trouve dans votre corps se trouve aussi dans tous les autres vivants, vous pourriez apprendre à sentir que vous êtes en quelque sorte une sœur ou un frère, non seulement de tous les autres petits garçons ou petites filles, mais aussi de tous les animaux et de toutes les plantes qui vous entourent. »
(Frances Theodora Parsons, Plants and their Children, 1896)
Snacks nourrissant ton imaginaire
Mammals (BBC, 2024)
Série documentaire montrant l’inventivité coopérative des mammifères. Adaptations face à l’accélération du changement climatique et la destruction de leurs habitats.
Gaïa, sexe et catastrophe, Lynn Margulis & Dorion Sagan, Wildproject, 2024. « La sexualité, comme la symbiose, est l’une des expressions d’un phénomène universel, le principe qui consiste à mélanger et à réarranger. » (Lynn Margulis) Classique incontournable en biologie, préfacé par Myriam Bahaffou.
Premières secousses, Les Soulèvements de la Terre, La Fabrique, 2024.
Guide pratique et manifeste entrelaçant bilan d’actions et pensées stratégiques. Sur le désarmement, le démantèlement et la reprise de terres.
Un monde immense, Ed Yong, Les Liens qui Libèrent, 2023.
Bible scientifique synthétisant nos savoirs en biologie, zoologie, éthologie, écologie.
L’inexploré, Baptiste Morizot, Wildproject, 2023.
Immensité philosophique explorant les découvertes des sciences du vivant.
Des paillettes sur le compost, Myriam Bahaffou, Le Passager clandestin, 2022. Ecoféminismes au quotidien, très référencé, traversant concrètement les angles morts de nombreuses luttes ; manifeste pour les salopes.
Apprendre à voir, Estelle Zhong Mengual, Actes Sud, 2021.
Livre enquêtant sur la vision du vivant en peinture, le sublime et la fantasy écolo.
Écologies déviantes, Cy Lecerf Maulpoix, Cambourakis, 2021.
Voyage à travers les communes queers d’aspirations écologiques. Radical faeries.
Séries - mystery & fantasy zoodynamiques
Dead Hot, Prime Video, 2024
Dead Boy Detectives, Netflix, 2024
Fantasmas, HBO, 2024
Nightmares & Daydreams, Netflix, 2024
Reservation Dogs, Disney+, 2021-2023
Frontera Verde, Netflix, 2019
The Imperfects, Netflix, 2022
Films - mystery & fantasy zoodynamiques
Guardians of the Galaxy, vol.3, James Gunn, 2023
Blue Beetle, Angel Manuel Soto, 2023
High Life, Claire Denis, 2018
Jurassic World : Dominion, Colin Trevorrow, 2022
Les Cinq Diables, Léa Mysius, 2021
Okja, Bong Joon-Ho, 2017
EO, Jerzy Skolimowski, 2022
Wikis encyclopédiques pour la pop culture
https://www.urbandictionary.com/
Il y a toujours une infinité d’alternatives.
Multitudes de lores & tropes, stories inventives.
Les cultures de l’un et du binaire sont toxiques.
Nous les désarmons par nos cultures zoodynamiques.
Les dispositifs technologiques aident à mieux percevoir et communiquer les mondes vivants.
Ils sont là pour nous rapprocher, pour nous ajuster.
Pour du bloomscrolling chaotic good !